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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Émilie & Sarah Barbault : "Notre père nous a inculqués le goût des films."

À trois mois, Émilie a été le bébé d'Antoine Doinel dans le film Domicile conjugal de François Truffaut. Sa sœur, Sarah, est née pendant le tournage de Tout va bien, signé Jean-Luc Godard. Biberonnée au cinéma, au lait des tournages, Émilie et Sarah ont cultivé un goût très prononcé pour le septième art et le désir de réaliser des fictions a été grandissant. Il n'y a qu'à les écouter et les lire pour comprendre à quel point ce métier est leur passion, et à quel point elle le retransmette avec bonne humeur. Rencontre.


© Jean-Philippe Baltel

« Émilie, Sarah, vous êtes les réalisatrices du nouvel épisode de Bellefond ce soir sur France 3. Cet inédit est dédié à la mémoire de Fabien Courage, directeur de production chez Big Band Story…

Ça a été brutal et extrêmement rapide. On avait passé deux semaines ensemble pour les repérages à La Ciotat et à Marseille. Puis il s’est fait hospitaliser après s’être plaint de douleurs au ventre. Fabien était un homme adorable, enthousiaste, qui aimait sa famille et ses enfants. Sa disparition a été un énorme choc pour tout le monde.


Vous étiez déjà derrière la caméra pour le premier épisode qui avait réuni des millions de téléspectateurs. Quelle présentation feriez-vous de la série ?

C’est l’histoire d’Antoine Bellefond (Stéphane Bern), un procureur qui va être témoin, dans le premier épisode, d’un suicide en plein tribunal suite à une erreur judiciaire qu’il a commise. Cet acte va changer sa façon de voir le monde. Professeur de droit en parallèle, il avait abandonné sa famille pour sa carrière. Sa sœur lui en veut terriblement et sa mère est morte sans avoir pu le voir. Avec l’aide de ses étudiants, cela devient évident qu’il n’est pas fait pour être procureur, mais plutôt avocat. Bellefond va retourner la situation en défendant la veuve et l’orphelin. L’épisode 2 commence alors avec notre Bellefond dans la tenue d’avocat.


Vos acteurs ne tarissent pas d’éloges à votre égard. Comment ont-ils été sur le tournage ?

Extraordinaires ! François-David Cardonnel s’est mis à fond dedans. Armelle Deutsch a été bouleversante, c’est une immense comédienne. On a eu le grand plaisir de retrouver Anne Caillon et Stéphane Bern. Stéphane a été si généreux, à l'écoute, il s'est pleinement investi dans son rôle. Dans ce deuxième volet, on retrouve nos jeunes et Lucas, un nouvel étudiant qui ressemble au sportif américain. Arthur Prevost a une perfection dans son jeu, ses élans. À côté d’une enquête sur le viol, un début de romance va naître entre deux personnages. Tout ce monde fonctionne à merveille ensemble. Le mot d’ordre sur Bellefond, c’est la bienveillance.


La musique et l’image se marient bien, en plus de cette magnifique lumière…

Notre chef op’ Newine Behi nous accompagne sur tous nos projets. Elle embellit et encense le côté naturaliste de la lumière existante, sans en perdre son essence. La musique, pour nous, ne doit pas être là pour appuyer les sensations. C’est un petit support. On a réalisé beaucoup de clips, nous sommes proches de chanteurs et de musiciens. Il ne fallait jamais qu’elle dénote ou desserve l’histoire. Pour Bellefond, on a la chance d’avoir les chansons Popular et Inside of Love de nos amis Nada Surf.



Émilie, Sarah, vous avez grandi sur les plateaux de tournage avec un papa directeur de production. Que représente pour vous le cinéma ?

Petite, c’était pour nous le quotidien de notre papa. À l’époque, les familles étaient souvent présentes sur les tournages qui duraient très longtemps. Nous avons pu assister à des tournages de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Miller, Diane Kurys, des films exceptionnels de réalisateurs chaleureux. Et cela nous a énormément inspirées. Ce n’était pas un rêve inaccessible pour nous. Notre père nous a inculqué le goût des films, on en voyait quatre par week-end au cinéma : les Capra, Hitchcock, Cary Grant, John Wayne ou encore James Stewart. Nous sommes de la génération Spielberg et des Star Wars. Bercées dans ce milieu, c’était inenvisageable qu’on ne fasse pas ce métier.


Vous avez réalisé de nombreux clips et spots publicitaires. Vos courts-métrages sont disponibles sur votre site, on peut y retrouver Everything is one thing avec Louise Monot et Scott Rodgers…

Scott avait réalisé un long-métrage et nous l’avions félicité sur Twitter. On a correspondu ensemble jusqu’à ce qu’il nous fasse part de son envie de venir en France pour faire un film avec nous. On a trouvé l’idée géniale ! On avait tourné avec Louise Monot pour le clip Pour être deux de Rose et Jean-Louis Murat. Elle parle très bien anglais et quand on lui a raconté cette histoire d’un américain qui débarque à Paris après avoir perdu sa mère, elle a accepté. Mais elle nous annonçait qu’elle était enceinte de huit mois, donc on a réécrit son personnage. Ce qui a donné plus de profondeur et d’humanité au film. Nous avons fait trois jours de tournage merveilleux, de façon indépendante, avec de l’improvisation. On essaie, encore aujourd’hui avec Bellefond d’avoir une caméra libre. C’est dans notre univers de donner cette liberté à nos acteurs.


Le court-métrage Pleurer des larmes d’enfance, traite de l’abus sexuel commis sur une petite fille par l’un des membres de sa famille. Une histoire librement adaptée du livre de votre maman Tootsie Guéra, Le passé imposé.

On l’a réécrit avec elle pour le transposer dans notre époque. On a donné beaucoup d’amour à notre comédienne Tennessee Maquignon. Ce sujet lui tenait très à cœur. Ses parents étaient présents sur le plateau. On ne voulait pas que la scène d’abus se ferme sur la porte de la chambre. Non, on est resté dans la pièce. C’est très dérangeant, on l’admet. Mais c’était important de voir ce qu’il se passe. On a voulu tout montrer dans le regard et la frayeur.


Quels sont vos prochains projets ?

On a terminé le tournage des épisodes trois et quatre de Bellefond avec en guests Bruno Solo et Claire Nebout. Et un nouveau César Wagner sera diffusé en janvier.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?

Oui, celle de Noah Baumbach qu’on adore : « Si le cinéma veut être fidèle à la réalité, tous vos films doivent être à la fois drôles et tristes, légers et sérieux. Parce que la vie est comme ça. »

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