Il a un goût pour l'originalité, « j'aime bien me maquiller, m'habiller différemment quand je fais de l'art. » Xam Hurricane puise dans la richesse émotionnelle des mots pour fabriquer ses titres, dont son premier EP Réveiller les morts en compte six. En perpétuelle recherche d'adrénalines, Xam surfe avec ses mélodies sur des vagues de sonorités électro-rock et propose une esthétique musicale singulière, imprégnée de son énergie débordante. Rencontre.
« Xam, ton premier EP Réveiller les morts sera disponible sur toutes les plateformes de streaming le 31 octobre à minuit. Pour toi, quel est le fil rouge qui relierait les six titres qui le composent ?
L’EP s’ouvre avec Je reviens, c’est l’histoire d’un personnage - en l'occurrence moi - perdu au milieu des étoiles, celles du « star system ». Dans Ce qu’il te plaît, il est de retour sur Terre, il active le mode avion sur son téléphone et commence à s’exiler le temps d’un tour du monde en solitaire, pour faire ce qui lui plaît, et durant lequel il va observer l’humanité dans Les miens et les vôtres et se rendre compte que tous les êtres humains sont en compétition. Il va alors penser à ceux qui ont fait son éducation. Son voyage sera interrompu par la pandémie dans Réveiller les morts. Le confinement s'éternisent, la peur et l’angoisse commencent à monter, les médias parlent du dérèglement climatique et c’est pour ça que j’ai voulu tourner le clip d’Il faut se tenir près dans le désert du Sahara, pour montrer cette sécheresse, cette absence de végétation, ce qui vient un peu en opposition avec Ce qu’il te plaît tourné dans la forêt amazonienne, le poumon de la Terre. Une seule suite semble possible pour sortir de toutes ces angoisses : trouver l’amour (Il faut se tenir près). L’EP se termine avec Illusions, un moment où le perso se rend compte qu’en cherchant l’âme sœur, il va se perdre dans les mondanités de la ville.
Le clip de Réveiller les morts est sur ta chaîne Youtube. Quelles étaient tes intentions artistiques ?
Je voulais du sarcasme. Au début de la pandémie, on nous disait que les masques ne servaient à rien, puis finalement, on a appris qu’il y en avait une pénurie… Je viens de Malakoff, en mode banlieue parisienne, et j’ai trouvé marrant de faire un petit scénario avec des dealers en bas des blocs qui, plutôt que de vendre du shit, vont vendre des masques. Un personnage caricatural représentant Emmanuel Macron vient en chercher, sauf que Xam Hurricane va arriver et piquer le caddie dans lequel tous les masques sont entassés. Comme c’était une denrée rare à l’époque, une course-poursuite commence dans toute la banlieue. Je reconnais que c’est un peu fantasque ! Mais figure-toi que récemment, avec Le Cercle des Poètes disparus, je me suis retrouvé à manger à la table d’Emmanuel Macron, venu voir la pièce ! C’est assez absurde, je ne sais pas quoi en penser (rires).
Cet EP, tu l’as écrit, composé et enregistré avec l’artiste Nampa. Comment s’est passée votre collaboration ?
Il est intervenu sur la partie composition, arrangement, production et mixage. On a presque tout fait ensemble. Je l’ai rencontré quand j’étais au collège à Malakoff. Notre professeur de musique avait créé un atelier de musique électronique, il nous apprenait gratuitement, le midi sur son temps libre, comment faire des sons. C’était assez avant-gardiste pour l’époque. Puis avec Nampa on a fait le groupe Skully Circus. On s’aide pour nos projets respectifs, on avance main dans la main depuis bientôt quinze ans. C’est une très belle histoire artistique et d’amitié.
Quelles images te reviennent de cette période avec Skully Circus ?
J’ai des relations encore très proches avec les membres de ce premier groupe, même si certains n’ont pas continué la musique. Ça a duré presque dix ans. C’était l’apprentissage de la guitare, du chant avec eux, jusqu’à faire de belles scènes mythiques comme le Bus Palladium qui a fermé ou Le Réservoir qui a brûlé. Je me souviens qu’on s’était retrouvé en finale de Paris Jeunes Talents avec Feu Chatterton! Mon ADN rock vient de là. J’ai fait mes armes avec Skully Circus et compris que la scène était l’endroit où je voulais passer le plus de temps dans ma vie. Ça s’est ensuite décliné avec les plateaux de télé, de cinéma et de théâtre.
Comment ton père et ton oncle « Tonton Piou » t’ont transmis cette passion pour la musique ?
Je les voyais heureux de jouer de la guitare ensemble. Mon oncle est un musicien de jazz manouche, donc une approche de la musique très libre, autodidacte, sans solfège. On joue avec des fausses notes au début puis on les garde pour des montées chromatiques. C’était très ludique. L’été, on partait souvent faire du camping au bord du lac de Vassivière. On faisait des feux de camp avec mon père, mon oncle et mon cousin. Mon père reprenait des chansons françaises que j’ai finalement peut-être reprises moi aussi à The Voice. Il écrit aussi des chansons qui ne sont jamais sorties. Il m’a vraiment transmis cet amour d’écrire des textes.
On parle de musique, mais ce n’est pas ta seule corde artistique, puisque tu es aussi comédien. On a pu te voir dans le court-métrage Lettres en ton nom d’Alexandre Schild, dans le film Alla Vita de Stéphane Freiss et jusqu’à la fin de l’année au théâtre dans Le Cercle des Poètes disparus. Quel rapport entretiens-tu avec le métier d’acteur ?
C’est assez nouveau. Après The Voice, des réalisateurs se sont projetés et ont eu envie de me voir interpréter autre chose que des chansons. Je me suis pris au jeu et ça m’a beaucoup plu. J’ai commencé à faire entendre autour de moi ce désir de continuer. Le théâtre, je ne l’avais pas du tout imaginé. C’est une découverte incroyable avec cette pièce et une approche de la scène différente de la musique, malgré mes repères sur l’énergie demandée, la concentration. Au théâtre, c’est comme si le public n’existait pas d’une certaine manière. La convention nous oblige en tout cas à faire comme s’il n’était pas là. C’est une bulle différente que j’adore. Je remercie vivement Olivier Solivérès et Stéphane Freiss. On a dépassé les 130 représentations et j’y suis engagé jusqu’à la fin de l’année à Paris, puis pour la tournée de 2025. Une fois sortie de cette expérience qui me fait beaucoup grandir humainement, je pense que j'aborderais la musique différemment.
Quels sont tes prochains projets ?
Des titres sont prêts. Un deuxième EP sortira l’année prochaine. Et puis j’ai monté une nouvelle formule live, un power trio avec Martin Boisliveau à la batterie, Rauz à la basse et moi à la guitare. L’énergie est électrique. J’ai hâte de proposer la première version de notre set au Supersonic le 5 novembre.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
« Soyez vous-mêmes, tous les autres sont déjà pris » d’Oscar Wilde. »