Du Théâtre National de Bretagne aux plateaux de cinéma et de séries, Théo parcourt un chemin où le texte, le collectif et la prise de parole sont des fondements. Entre son amour du théâtre et son ascension dans l’univers du cinéma, Théo Costa-Marini investit chaque rôle avec une intensité rare, et dans Nismet, il prête son corps et sa voix à une figure d’emprise, de violence sourde et de chaos maîtrisé. Rencontre.

« Théo, on te retrouve actuellement dans la mini-série Nismet, sur Arte.fr. Quelle présentation ferais-tu de Denis, ton personnage ?
C'est un personnage violent, jusqu'à l'abstraction. Je dirais qu’il maintient une emprise qui prend plusieurs formes : la violence physique, la maltraitance psychologique et l’emprise chimique. Je n’ai pas vraiment cherché à avoir une approche psychologique du personnage, l'écriture n'induisait pas ça (les personnages semblent être vus de l'extérieur, comme à travers le prisme de l'adolescente qu'est Nismet), et d'ailleurs ç'aurait été impossible.
Qu’est-ce qui t’a plu à la lecture du scénario ?
Déjà, je connaissais et aimais beaucoup le travail de Philippe, sa précision dans l'écriture et le jeu, ses choix. Et puis c’est un peu bizarre à dire, mais j’avais très envie de jouer ce personnage. Je trouve toujours intéressant de jouer des choses que l'on ne comprend pas mais dont on pressent qu'elles 0ont une logique, une cohérence dans l'écriture. En lisant le scénario et en connaissant le travail de Philippe, le réalisateur, j’ai aussi senti un lourd sens de la responsabilité par rapport au réel. Et puis il y a un rapport au texte que j’aime beaucoup, où la moindre virgule est choisie. Je pense notamment à la scène avec la juge. Denis choisit ses mots, les pèse, ce qui éclaire le personnage sous un autre angle.
En effet, dans cette scène, le regard de Denis en dit autant que ses mots…
Oui. On est sur une ligne de crête et toutes les lames de fond poussent en dessous. Ce qui est glaçant quand on lit la scène, c’est que l'on se rend compte qu'il est capable de contrôler et de masquer sa violence.
Comment vous êtes-vous préparé, avec Emma Boulanouar, pour la scène d'agression ?
Avec Emma, aux auditions, on a fait cette scène sans savoir si on allait être pris. Il s’agissait d’être précautionneux et de bien circonscrire le cadre du jeu pour pouvoir la rendre forte, sans brusquer personne. D’avoir eu ce premier contact nous a aidé à tourner cette scène, ensuite. Et puis j'ai une très grande admiration et une grande affection pour Emma et Loubna. On ne peut faire qu’une bonne scène si on est ensemble. On invente aussi le personnage de notre partenaire avec nos réactions.

Le grand public a pu te découvrir dans un bon nombre de films et de séries. Quel a été ton déclic pour faire ce métier ?
J’avais accompagné un copain pour faire la réplique au stage du TNB (Théâtre National de Bretagne), à Rennes. J’avais seize ans et je ne comprenais rien à ce qu'on nous racontait mais j'ai compris que c’était l’endroit où je voulais être. Après le bac, je me suis lancé dans des études de théâtre, puis j’ai passé des concours.
Qu’as-tu appris à tes débuts au Studio Asnières, puis à l’ENSATT de Lyon ?
À réfléchir comme un acteur, et pas comme un universitaire. À ne pas interpréter le début d’une scène en ayant la fin en tête, mais identifier la succession de quiproquos qui font la scène. J’ai aussi appris à travailler en collectif. À l’ENSATT, on était douze par promo de jeu, et il y a aussi les technicien.nes, les auteur.ices, metteur.euses en scène... Le théâtre est un mélange d’humilité totale et de prise de pouvoir. On est en assemblée, mais on prend la parole au sein de cette assemblée, il ne faut pas s’excuser d’être là et comprendre ce qu'on cherche à dire. On est maître du temps, aussi. J'y retournerai certainement, parce qu’il y a des textes que j’ai trop envie de jouer, mais pour l’instant, j’ai envie de continuer sur ce chemin qui s’ouvre au niveau du cinéma et des séries.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai participé à la saison 2 d’Andor (Star Wars) qui sortira en avril. Je serai aussi dans Le mélange des genres de Michel Leclerc, la saison 2 de BRI, et dans la série Surface. Et là je viens de de jouer dans le dernier long-métrage de Dominik Moll.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Il y a quelques jours, je disais à mon fils à propos d'un truc à l'école : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » J'aime bien cette citation. Je la tiens de mon père. »