Actuellement, à la galerie polymorphe Détail de la Cité radieuse Le Corbusier, à Marseille, se tient l’exposition collective Parant thèse, ouverte au public jusqu’au 3 août prochain. Treize artistes y sont exposés, dont la majorité est constituée de la famille Parant. Quentin, par ses dessins, ses sculptures et ses gravures, présente son travail et l’univers artistique de sa famille, dont l’exposition tourne autour « de ce qu’avait créé mon père, Jean-Luc Parant, artiste plasticien et poète, et notamment Le journal du Bout des Bordes, une revue rassemblant les travaux de divers artistes, écrivains et créateurs de tous horizons dont l’homme s’était entouré... » Rencontre avec un artiste qui invite à voir au-delà des apparences, à percer les mystères du monde qui nous entoure et à révéler ses dimensions cachées.
Musique d’ambiance : cigales en forme, ciel dégagé : la photographie du lieu pousse à franchir la porte de la cellule 323, où se loge l’exposition organisée par Victoria Vie (gérante de Détail Marseille). À l’intérieur de cet espace dans lequel chaque détail a été pensé dans un style chaleureux, nos yeux se posent sur les œuvres de cette famille qui offre un dialogue harmonieux entre les techniques et les styles. Quentin Parant nous invite à découvrir des créations qui vont bien au-delà du simple visuel. Son œuvre résonne avec celles de ses proches, créant une toile de fond riche et variée.
Mais si Quentin a reçu un héritage culturel de ses parents, il a toujours cherché à se démarquer, « j’ai voulu oublier tout ce que l’on m’avait appris pour réinventer un monde qui me ressemble » commence-t-il. Inspiré par les articles scientifiques et les nouvelles découvertes, Quentin développe sur l’un de ses tableaux accroché au fond de la galerie, duquel on observe des pierres tomber du ciel servant de nourriture à un arbre composé exclusivement de silhouettes humanoïdes, dessinés de la plus simple des manières mais tout en ayant une apparence et une expression différentes les unes des autres. « Récemment, j’ai lu que la vie était arrivée sur Terre grâce aux météorites. Elles auraient apporté les premiers acides aminés constituant les premières briques qui ont permis à la vie de se développer sur Terre. » L’image, poétique, reflète la manière dont Quentin Parant intègre les racines du monde dans son travail.
Fasciné par le monde vivant, il commence à dessiner à travers un microscope des ailes de papillons qui vu de très près forme des séries d’écailles, telles des touches de couleurs qui sont autant de pixels sur les pages d’un livre ou d’une revue : « ce qui m’amusait était de rendre visible par agrandissement ces choses invisibles par nos seuls yeux, et de m’apercevoir qu’une simple machine nous donne accès à un monde bien réel, mais invisible. » La nature n’entoure pas uniquement son atelier, elle l’inspire profondément. Au contact des animaux, des plantes ou des insectes, Quentin retrouve en eux « des formes, des jeux de couleurs et une finesse qui dépassent de loin les technologies les plus avancées. » Chaque espèce a ses coutumes, ses parades amoureuses, sa propre manière de fabriquer sa toile ou son nid « comme des petits peuples qu’on a sous les yeux et auxquels on ne fait pas attention mais qui sont tout aussi vivants que nous. »
Mais que recherchait l’enfant « assez solitaire » qu'il était ? « Je voulais qu’on me laisse tranquille, surtout » dit-il en riant, avant de reprendre sur son envie d’être libre dans tout ce qu’il entreprendrait. En témoignent donc ses premiers dessins sur des espèces animales et les questions qui l'accompagnent : d’où venons-nous ? Comment la matière s’est-elle mise à bouger ? La mort existe-t-elle ou sommes-nous en perpétuelle transformation ? « On pense que nos yeux ont la capacité de tout voir, alors qu’en réalité, ils nous donnent à voir uniquement ce que renvoie la lumière du soleil, et nous ne voyons pas non plus l’infiniment petit, pas plus que l’infiniment grand » remarque-t-il. Cette démarche nous rappelle que la véritable beauté se trouve souvent dans les détails les plus subtils, et que l’art a le pouvoir d’éveiller nos sens à des réalités qui échappent à notre vie quotidienne.
Au décès de son père, il y a deux ans, Quentin et sa famille ont décidé de transformer l’atelier et les collections de Jean-Luc Parant en un musée dédié à son œuvre et à celle de Titi Parant, sa femme. Ouvert au public depuis le 13 avril, à Vimoutiers (Normandie), on peut découvrir dans ce lieu atypique et hétéroclite une collection permanente autour du travail de Jean-Luc et Titi Parant. Leurs œuvres, parfois composées à deux, se mêlent à celles d’autres artistes et écrivains proches du couple (Dubuffet, Michel Butor, Robert Combas, Ben, et tant d’autres…). On y trouve également les ateliers des autres membres de la famille : l’atelier typographique tenu par Marie-Sol Parant, l’atelier verrier de Marine Blot ou encore l’atelier de photographie argentique de Léonard Novarina …
Des stages sont déjà proposés, en plus des visites. Par ailleurs, l’association souhaite proposer régulièrement des expositions collectives. Des aménagements sont en cours dans ce sens, notamment la restauration d’une chapelle (le bâtiment en question est un ancien couvent). En outre, la famille travaille activement sur le classement et le rangement de plus de 300 000 livres ! (Jean-Luc les collectionnait ardemment) afin de les rendre accessibles et à tous les curieux qui se rendront à la Maison de l’Art Vivant. Quentin se souvient d’un geste que son père répétait souvent, « celui de mettre le soleil entre ses doigts, puis de le mettre contre son œil et de s’apercevoir que le soleil est exactement à la même grosseur que son œil. » Ce geste, à la fois simple et profond, symbolise l’harmonie entre l’art, la perception et la mémoire, un héritage lumineux que L’association du Bout des Bordes s'engage à préserver et à partager pour les générations futures.
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