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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Philippine : "Je suis libérée."

Cardio est l'annonce d'un deuxième EP aux couleurs pop et dansantes. Avec une image moderne de « Working girl », fashion et sportive, ce morceau, au rythme entraînant, est une preuve de son accomplissement personnel. Il examine parfaitement la contradiction qui nous anime face à une masse de travail qui nous dépasse, mais dans laquelle on semble pourtant trouver une sorte de dopamine. Gravir les échelons sans jamais baisser les bras, ce titre est une preuve de son contrôle sur sa carrière. Un nouvel EP, une nouvelle page qui se tourne, nous retrouvons Philippine en femme forte qui cultive son goût pour la liberté. Rencontre.

© Yoann Casanova
© Yoann Casanova

« Philippine, ton nouveau titre Cardio est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Quelle a été l’étincelle de départ ?

C’est le moment où je me suis dit que ma vie était du sport ! Je suis hyperactive, je vais dans tous les sens et on m’a toujours dit de souffler, de me calmer ; j’écoute ce qu’on me dit pour ma santé mentale, mais en même temps, je n’y arrive pas. En tant qu’artiste, ce métier, c'est toute notre vie. Je vis à 300%.


Le clip est disponible sur ta chaîne Youtube. Quelles étaient tes intentions artistiques ?

Pour la petite anecdote, j’ai acheté un stylet pour faire un moodboard sur mon iPad. J’avais ma vision dès le départ, avec ce côté costard-cravate mélangé au sport, en plus de chorégraphies et d’humour, car cela me ressemble. Le réalisateur Samuel Colin et la boîte de prod, La Sucrerie, sont allés dans mon sens, ce qui est une nouveauté dans mon évolution de carrière. J’avais peur de passer pour une fille pénible à avoir autant d’idées et en tête le produit final, mais ils m’ont suivie et j’en suis comblée.


Les chorégraphies sont signées Scarlett Avedikian. Comment s’est passée la collaboration ?

On a bossé ensemble il y a deux ans, en Grèce, lorsque Kamel Ouali m’avait contacté pour chanter pour Louis Vuitton. J’ai eu un énorme coup de cœur pour Scarlett. Je n’ai pas de mots pour exprimer à quel point je l’aime. Cardio parle des femmes comme elle, des mamans, des femmes inspirantes. Elle avait réussi à gérer une trentaine de personnes pendant ce concert. Je lui avais dit mon envie de retravailler avec elle et je suis honorée de l’avoir eu pour ce clip.



Qu'est-ce qu'il y a de plus girl boss en toi ?

J’adore cette question ! Chaque détail est important pour moi, ce qui fait que je ne lâcherai jamais l’affaire. Je vais faire référence à mon métier, dans lequel il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes. Ce n’est pas une critique, mais il est vrai que je me suis ramassée pas mal de critiques de la part d’hommes. J’ai souvent été sous-estimé, comme je le dis dans les paroles de Cardio. Mais je ne me suis jamais laissé faire. J’ai toujours eu cette obsession de vouloir être appréciée de tout le monde. Je sais qu’il s’agit d’un défaut chez pas mal de personnes. Et à un moment donné, cette étincelle, à laquelle tu fais référence, est que je devais aller au bout de mon idée, de mon projet, de qui je suis en tant qu’artiste et en tant que femme. Je sais ce que je veux, sans être non plus pénible (rires).


Ce côté girl boss, on en a eu les prémices avec le titre J’n’attendrai plus

Complètement ! Quand tu me parlais d’étincelle, j’ai tout de suite pensé à mon premier EP, Par fierté, sorti il y a un an. Il y avait plein de styles de musique, je me cherchais encore, tout en y posant les bases. J’étais, peut-être, un peu plus dark dans mes paroles. Maintenant, je suis plus solaire ; je me sens épanouie en ce moment, j’assume qui je suis, je suis libérée.


© Yoann Casanova
© Yoann Casanova

Si Cardio évoque une fast life, quels sont les moments que tu aimerais ralentir ?

Ceux avec ma famille. Ils vivent dans le Sud-Ouest, je ne suis pas à côté de chez eux, donc je ne les vois pas tout le temps. Il n’y aurait que ça. Comme je le dis tout le temps, je ne regrette rien du tout. Quand ça va à toute allure, on peut tomber et se relever. Alors que si la vie était trop lente, je ne pourrais pas tomber. C’est beau ce que je dis ! (Rires)


Quelle sera la couleur de ton deuxième EP dont la sortie est prévue en début d'année prochaine ?

Ce sera frais, dance, tout en restant fidèle à mon public et à ce que je suis. Il y aura des balades, c’est toute ma vie (rires). Vocalement, c’est là où je m’exprime le plus à travers mon grain de voix. Cet EP sera aussi moins sombre dans mes paroles, en étant beaucoup plus léger, mais toujours avec une importance accordée dans les textes. Je veux que l’on puisse s’identifier, car tout ce que j’écris est du vécu.


Le piano t’accompagne depuis l’âge de quatre ans et sa découverte chez des amis de tes parents, à Toronto. De ton enfance à aujourd’hui, comment continue-t-il à t’accompagner ?

Je m’en souviendrai toute ma vie. Au Canada, il y a des basements dans lesquels on trouve des instruments, des enfants qui jouent. Dans ce basement, il y avait un piano et j’ai eu un coup de foudre. Pour la petite anecdote, ma mère me l’a achetée avec le peu d’argent qui lui restait d’un héritage reçu après le décès de sa maman. C’est beau de se dire qu’elle a misé sur cet instrument. À quatre ans, j’aurais très bien pu abandonner le piano. Mais non. À douze ans, je faisais du classique, du baroque, du clavecin, puis j’ai fait du jazz. Aujourd’hui, quand je joue, compose ou improvise au piano, je ne mens pas en disant que ça me procure des frissons, me fait voyager, revivre des sensations que je ne ressens dans aucun autre domaine, mis-à-part un coup de foudre amoureux. C’est l’équivalent des papillons dans le ventre. Ce piano, je l’ai encore, chez mes parents. Il a une histoire trop sentimentale, j’y ai écrit mes chansons depuis l’âge de douze ans et mes premières compositions.


© Valentin Fabre

Quelle place occupait la musique à la maison ?

Ma mère a longtemps fait de la clarinette et mon père a rapidement commencé la guitare et le piano. C’était par pur plaisir. J’ai des images où l’on me voit, à six ans, avec ma mère derrière moi, ma petite sœur d’un an dans ses bras et mon frère à nos côtés, tout autour du piano. Mon père nous a filmés pendant une heure, je me demande comment il a fait pour ne pas avoir de crampes au bras (rires). Mes parents me soutiennent depuis toute jeune, sans jamais avoir été dans une éducation militaire. Ils voyaient que j’étais faite pour ça et ils m’ont poussée jusque-là où ils pouvaient m’aider. Je suis fière d’être là où je suis ; j’ai voulu leur prouver qu’ils avaient bien fait de me soutenir toutes ces années.


Comment s'est fait ton apprentissage de la musique ?

Au Canada, j’ai appris le piano dans une école avec la méthode Suzuki. Pour te donner un exemple, ma prof jouait une balade et je devais, ensuite, à l’oreille, reproduire ce qu’elle faisait, sans lire de partitions. Puis, quand je suis rentrée en France, j’ai fait du solfège et pris des cours de chant. J’ai toujours été curieuse de tout. J’aime bien tout faire. Ensuite, là où je suis autodidacte, c’est dans la production. Depuis trois ans, je m’y suis mise à 100%. Pour l’anecdote, à chaque fois que je travaillais avec des prods (avec lesquels ça s’est toujours bien passé humainement), je sentais que ça n’était pas exactement ce que je voulais. Je ne disais rien, mais en rentrant chez moi le soir, je n’étais pas satisfaite. Mes parents m’ont poussé à me mettre à la prod. Pendant un an ou deux, je leur disais qu’ils n’étaient pas de ce métier pour comprendre, puis je me suis rendu compte qu’ils avaient peut-être raison. Il faut toujours écouter ses parents (rires). Mon prochain EP sera du Philippine à 100%.


Quels sont tes prochains projets ?

Un deuxième single devrait sortir avant l’arrivée de l’EP. Ce sera l’une des seules chansons dont je n’ai pas vécu l’histoire. Je l’ai écrite en une heure, de manière très fluide. Enfin, je commence à écrire pour d’autres artistes.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

« Ne t’excuse pas d’être toi, célèbre-le. »

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