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Michael Bucquet : "Mon enfance a été tumultueuse."

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Il nous fait passer de chansons mélancoliques à des odyssées rock avec des pianos-voix suspendus. Michael Bucquet, curieux de nature, ne cesse de repousser les limites de sa créativité depuis que la culture et l'art en général sont entrés dans sa vie. Son dernier clip, Paradoxe, aux allures de rock sauvage et en noir et blanc, nous emmène à la rencontre d'un artiste accompli, prêt à s'assumer jusqu'au bout des mélodies. Rencontre.


© Gilles-Marie Zimmermann

« Michael, ton dernier titre Paradoxe est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Comment le présenterais-tu ?

Je le qualifie de petit missile rock ! Après Coma, un son plus pop, j’ai voulu revenir à mes racines : le rock british et américain. Je suis parti dans une direction artistique à contre-courant de ce qui se fait actuellement dans la musique, c’est-à-dire beaucoup de machines, de musique urbaine et de voix modifiées. Paradoxe est construit comme un titre des années 70, le tout est français !


Qu’est-ce qui te fait sentir à contre-courant ?

Quand j’observe le paysage musical français actuel, même s’il y a beaucoup d’artistes talentueux, je trouve que ça manque de représentation rock, contrairement à d’autres pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie dont les projets pop rock passent à la radio. Maneskin a par exemple cartonné après avoir remporté l’Eurovision. En France, ça manque de pluralité. Beaucoup de pop, de rap et d'autotune, et moi j’arrive avec mes guitares électriques et mes batteries rétro. C’est un peu à contre-courant, mais j’assume ce que je suis.



Dans le clip de Codex (en featuring avec Plaiguiss), tu apportes à ton univers une touche plus moderne, de rap...

L’explication est assez simple. Plaiguiss, c’est mon jeune frère de 19 ans qui est rappeur. Pendant le confinement, on a passé quelques semaines ensemble dans une maison familiale. On a monté un projet mélangeant nos deux univers musicaux totalement différents. Moi, c’est vintage, rétro, rock’n’roll, lui c’est le rap moderne. Ça m’a permis d’expérimenter de nouvelles sonorités. Par la suite, j’ai fait de l’électro, de la musique de court-métrage, de la chanson française. J’ai diversifié ma manière de composer avant de revenir aux racines avec Paradoxe.


Dans Codex, il y a une référence à Van Gogh. En parcourant ton Instagram, je vois que cet artiste revient souvent. Pourquoi ?

D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été passionné par l’art en général ; le dessin, le cinéma, la peinture, la photo. Je suis curieux de tout. La peinture a eu beaucoup d’influence sur moi à l’adolescence, j’ai failli faire les Beaux-Arts. Dans mon enfance, j’ai passé beaucoup de temps chez mes grands-parents à Arles. Les paysages et les tableaux de Van Gogh m’ont énormément marqué. Je considère la Provence comme un refuge où je me suis échappé beaucoup de fois.



Quelle place occupait la musique à la maison ?

Extrêmement importante. Dans sa jeunesse, mon père était musicien et chanteur avant de prendre une route totalement différente. Des disques étaient joués en permanence à la maison et la musique qu'écoutait mes parents m’a influencé. Mon père, c'étaient les Stones, les Beatles, U2. J’aurais très bien pu devenir peintre, réalisateur ou dessinateur, mais faire de la musique était un passage inévitable pour moi.


D’où vient cette recherche d’un moyen d’expression artistique ? De l’enfant timide que tu étais ?

Je le suis toujours un peu dans le fond. J’étais un adolescent plus ou moins torturé. Mes parents ont divorcé quand j’avais onze ans, ça a été une période assez compliquée. Mon enfance a été un peu tumultueuse. J’habitais en Corrèze, il n’y avait pas grand-chose pour s’amuser… Je me sentais différent des autres. J’écoutais de la musique pas à la mode, je portais des vêtements pas à la mode. J’étais le mec bizarre du coin. Je me suis alors réfugié dans les disques, jusqu’à regarder des centaines de fois les concerts de mes artistes préférés sur des vieilles VHS que j’arrivais à trouver. Je me suis enfermé dans ce monde imaginaire, une sorte de carapace. Au départ, il n’y avait aucune « prétention » de carrière. Je le faisais pour nourrir mon esprit, penser à autre chose, comme beaucoup d’artistes finalement.


© Arowgraifiks

Dans ton village, tu as été animateur dans une radio locale. Ça a été quel exercice pour toi ?

J’ai adoré cette expérience. Je suis arrivé comme stagiaire, puis j’en suis reparti responsable d’antenne. La radio m’a beaucoup aidé pour les prises de parole, pour développer ma culture musicale. J’étais amené à mettre mes mains dans les playlists et à ouvrir mes radars pour trouver de nouveaux artistes, la dernière tendance, la petite pépite que personne n’a encore écoutée. J’ai aussi interviewé un grand nombre de personnes. J’ai collaboré avec des journalistes, des structures culturelles. Si la Corrèze n’est pas le meilleur endroit pour faire des groupes de rock, c’est une terre politique historique avec beaucoup d’actualité. Dans ce village perdu, je partais faire des micro-trottoirs. J’étais libre de monter des projets, comme l’organisation de showcases dans un bar en invitant des artistes que j’avais repérés. J’ai aussi fait la radio de mon lycée, Edmond Perrier, à Tulle. Je me souviens d’avoir réussi à délocaliser l’antenne pendant une semaine et de voir les lycées devenir mes chroniqueurs. La radio, ça a été très formateur.


À quel moment as-tu compris que la musique deviendrait ton métier ?

À la majorité. Au début, la musique était un exercice à huis clos dans ma chambre, puis quand j’ai commencé à monter sur scène aux alentours de 17 ans, j’ai compris qu’il se passait quelque chose. J’ai aimé le contact avec le public. Je savais que ça serait compliqué, mais je n’ai jamais changé d’avis.


Qu'as-tu appris au cours de ton aventure à The Voice en 2020 ?

Ça a été une aventure extraordinaire et très intense. Je découvrais le fonctionnement d’un plateau télé, la position des caméras et tous les autres paramètres à prendre en compte comme le jeu de scène, comment se déplacer. Pour les nombreuses interviews, j’étais avantagé par mon expérience radio, j’étais d’ailleurs toujours salarié. Quand je voyais les copains terrorisés par ça, de mon côté, j’avais tellement hâte ! Je me disais poser moi toutes les questions que vous voulez, il n’y a aucun problème ! The Voice m’a aussi permis de gérer le stress et l’adrénaline, ça a renforcé ma ténacité. L’émission est un exercice condensé avec beaucoup de répétitions et de cours de chants où j’ai appris des techniques que je ne connaissais pas. J’ai progressé en l’espace de deux, trois mois, comme si j’avais pris deux, trois ans de cours avec quelqu’un.


Quels sont tes prochains projets ?

Je me concentre sur la finalisation de mon premier album, dont la sortie devrait être en fin d’année. Un autre single sortira aux alentours de la rentrée avec un clip signé par une personne que j’apprécie beaucoup. La scène, ce sera pour l’automne.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

À The Voice, j’ai prononcé une phrase qui avait fait parler, sans le vouloir. À la fin d’une chanson, j’avais dit à mon adversaire en Battle : « Rock’n’roll is not dead baby » (rires).

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© 2021 par Samuel Massilia.

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