Elle fonce tête baissée dans un métier précaire, mais Lauréna Thellier prouve qu'avec beaucoup d'énergie et de talent, on peut se frayer un beau chemin dans cette industrie à rêve. De « Ma Loute », sa première expérience cinématographique, à « K Contraire » en passant par « Le Ciel Attendra », cette jeune étoile montante du cinéma français nous bouleverse dans la peau d'une adolescente en quête d'identité dans le récent et excellent court-métrage de Sandy Lobry « Influenceuse ». Rencontre avec Lauréna Thellier, une actrice audacieuse !
« Récemment, c’est dans l’excellent court-métrage « Influenceuse » de Sandy Lobry que l’on t'a retrouvée dans la peau d’une adolescente en quête d’identité, de reconnaissance. Comment es-tu arrivé sur ce projet ?
C’est Sandy Lobry, la réalisatrice, qui m’a contacté par mail car elle m’avait vue dans la série Mental. J’ai ensuite passé des essais pour le personnage de Lola.
Quel regard portes-tu sur les réseaux sociaux de manière générale ?
Je trouve qu’utiliser les réseaux sociaux à leur juste valeur peut être bénéfique mais les utiliser de manière abusive peut devenir très nocif. Ce qui est important selon moi c’est de bien faire la distinction entre la vraie vie et la « vie sur les réseaux ». Il y a un décalage énorme. Pour les influenceurs, Instagram est un business, un outil de travail. Si on a conscience que « c’est du fake » pour reprendre les mots de Miss Billy dans le film, il n’y a pas de soucis. Ce qui est dangereux c’est quand les réseaux prennent trop le pas sur la vraie vie, quand la limite entre « fiction » et « réalité » n’est pas mise.
On sait que c’est un outil qui peut être destructeur mais aussi très utile pour les relations professionnelles. Comment faire la part des choses ?
Tout à fait, personnellement j’utilise Instagram et Facebook pour montrer mon travail, échanger avec les « fans » autour des projets. Je prends ça comme une vitrine ni plus ni moins. Sur mes réseaux on peut voir ma vie « professionnelle », mais très peu ma vie « personnelle ». C’est en ça qu’il faut faire la part des choses.
En parlant d’influence, as-tu des personnalités du septième art qui t’inspirent beaucoup ?
Oui, j’aime beaucoup Reda Kateb qui m’inspire dans son énergie, ses choix de carrière. Juliette Binoche avec qui j’ai travaillé sur Ma Loute de Bruno Dumont m’a beaucoup inspiré dans son jeu : passer du rire aux larmes en vivant vraiment les mêmes émotions que son personnage. Et l’acteur qui m’inspire par-dessus tout reste et restera Jean-Paul Belmondo.
À l’âge de 16 ans, tu commences ta carrière d’actrice avec le rôle de Gaby dans « Ma Loute ». Est-ce ce film qui a créé ta passion pour le cinéma ?
La première fois que je me suis retrouvée sur un plateau de tournage c’était sur Ma Loute, la première fois que j’ai été dirigée par un réalisateur c’était Bruno Dumont, mes premiers partenaires de jeu étaient Juliette Binoche, Fabrice Luchini et Valéria Bruni Tedeschi. Et c’est la première fois que je me suis senti vraiment à ma place, c’est donc là qu’est née ma passion pour le cinéma, pour le plateau, pour le jeu… Ma Loute a pour moi une saveur singulière car c’est le projet de « mes premières fois ». C’est un point de départ, le début d’une trajectoire de vie.
Comment t’es-tu préparé à jouer dans ce long-métrage de Bruno Dumont, sachant que tu n’avais jamais fait de cours de théâtre auparavant ?
Le travail avec Bruno Dumont est très singulier, je n’ai d’ailleurs à ce jour jamais tourné avec un réalisateur qui travaille comme lui. Il n’y a eu aucune préparation pour le rôle, je n’ai jamais eu le scénario entre les mains et je ne connaissais pas la fin de l’histoire au moment du tournage. Sur le tournage, le rituel était le suivant : chaque début de journée Bruno Dumont m’expliquait qu’elle allait être les séquences de la journée. Et quinze minutes avant chaque séquence il m’expliquait ce qui se passait, le contexte, ce que je devais dire etc. Place ensuite à l’improvisation. Bruno Dumont aime les natures brutes, je suis donc resté naturel et spontané, c’était ça qu’il recherchait. C’est par la suite que j’ai réellement commencé à composer des personnages.
As-tu reçu des conseils de la part de Fabrice Luchini et Juliette Binoche ?
J’étais très proche de Fabrice Luchini sur le tournage, il m’a par la suite invité à le voir jouer au théâtre. Juliette Binoche m’a écrit une lettre que je garde précieusement depuis Ma Loute. J’ai beaucoup appris en les observant travailler.
Après cette première expérience cinématographique, tu poursuis avec « Le Ciel Attendra » dans lequel tu incarnes une jeune fille embrigadée par l’islamisme radical. Que t’évoque ce projet ?
Il y a eu un vrai travail de recherche pour ce projet. C’était un sujet fort et il y a eu un gros travail avec la réalisatrice pour savoir de quoi nous parlions, quelles étaient les trajectoires de nos personnages. C’est le premier film où j’ai eu un scénario, du texte à apprendre, un rôle à composer.
Tu prends très rapidement le goût du cinéma et envoie à multiples reprises ton profil à des directeurs de casting, et un jour Antoine Carrard te contacte pour « Fleuve Noir » d’Erick Zonca.
Tu es très bien renseigné ! C’est exactement comme cela que ça s’est passé. Après Ma Loute et Le Ciel Attendra, j’ai contacté pas mal de directeurs de castings avec des mails que j’avais réussi à récupérer. Antoine Carrard m’a appelé 1h après et m’a proposé que je le rencontre pour Fleuve Noir. S’en est suivis de nombreux essais, rendez-vous, ce n’était pas du tout gagné d’avance.
Il y a deux ans, c’est dans la peau d’un personnage fort avec du panache et de la puissance que tu brilles dans « K Contraire », le premier long-métrage de Sarah Marx. Film important à tes yeux ?
K-Contraire est un film qui compte beaucoup pour moi car j’aime énormément le personnage qui m’a été confié. C’est le rôle dans lequel je me sens le plus proche en termes d’énergie. J’aime ce cinéma et j’aime cette équipe. Sarah Marx par exemple compte dans ma vie de comédienne car je lui fais confiance les yeux fermés. Je lui demande souvent son avis sur des choix de projets car je sais qu’on est connecté et sur la même longueur d’onde. Elle n’hésitera pas à me dire que je fais des erreurs si j’en fais et ça c’est très précieux.
Tu passes du film à la série avec « Mental » sur France TV Slash. Un programme qui traite d’un sujet rarement abordé à l’écran : les troubles psychiques chez les adolescents.
Quelle aventure ce projet ! C’est le premier projet où j’ai l’un des rôles principaux, j’ai vraiment l’impression d’avoir grandi et évoluer avec cette série. C’est une pépite, un petit bijou et ça a été un vrai plaisir d’interpréter le personnage d’Estelle.
Pour durer dans ce métier ou en tout cas y mettre un pied dedans, l’audace fait partie des atouts à avoir ?
L’audace et le courage d’aller au bout des choses. Je fonce tête baissée et je n’ai vraiment pas peur de me prendre des gros murs. C’est un métier qui demande beaucoup d’énergie, de force de caractère. Pour ma part en tout cas, c’est comme ça que j’avance petit à petit. Il y a beaucoup de hauts et de bas, le plus dur c’est de réussir à se relever quand on est en « bas » avec la même vitalité que si on était en « haut ».
En observant ton jeu d’acteur, j’ai l’impression que l’on pourrait te voir dans des films d’Olivier Marchal, Cédric Klapisch...
J’adore Olivier Marchal et Cédric Klapisch donc ce serait un pur bonheur de travailler avec eux.
Incarner des rôles aux antipodes les uns des autres, c’est ce qui te permet d’être épanoui dans ton métier d’actrice ?
Oui vraiment, j’ai la chance justement d’avoir des rôles tellement différents d’un projet à l’autre. Mis à part K-Contraire où l’énergie du personnage est proche de la mienne, sur tous les autres je compose et suis à la création d'un personnage qui n’est pas si proche de moi. C’est hyper enrichissant. L’idéal serait d’avoir un peu des deux, quelques rôles qui correspondent à ma personnalité et continuer d’avoir des rôles de composition comme là.
Tu as tourné dans la nouvelle création de TF1 « Une affaire française » où tu interpréteras Murielle Bolle. Que peux-tu nous dire de plus sur cette série ?
Je ne peux pas dire grand-chose pour le moment. Le tournage se termine et je serais sûrement davantage amenée à en parler au moment de la sortie.
Quels sont tes futurs projets ?
Pour le moment je ne peux pas trop en dire non plus... Je suis en tournage jusqu’à fin août. Des choses vont arriver dans les mois à venir.
Aurais-tu une citation fétiche à nous délivrer ?
« Rien n’est permanent dans ce monde, pas même nos problèmes » de Charlie Chaplin.
Que peut-on te souhaiter pour le futur ? »
D’être heureuse et en bonne santé ! »
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