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Photo du rédacteurSamuel Massilia

François-David Cardonnel : "Comme tous les gosses, je rêvais d’être chevalier."

Il a vu le film Gladiator une bonne cinquainte de de fois à l'adolescence, au point de se prendre pour Maximus ? « Evidemment ! Toutes les personnes de ma génération se sont pris pour lui ! » François-David Cardonnel a développé une ADN artistique : du jeu à l'écriture, en passant par la réalisation (en famille) et le dessin où il utilise une vingtaine de matériaux différents pour un résultat bluffant de réalisme. Rencontre.


© Christophe Lartige

« François-David, on vous retrouve demain soir dans un épisode inédit de Bellefond sur France 3. Quelle présentation feriez-vous de Romain Delage, votre personnage ?

C’est un professeur passionné et investi dans son travail. Il a envie d’aider les autres. Dans cet épisode, Romain va être accusé de viol par l’une de ses élèves. J’ai travaillé ce personnage en m’imaginant qu’une personne coupable doit exacerber un sentiment d’injustice pour convaincre et être crédible. En tant que comédien, j’ai joué sur ça dans toutes les situations.


Autour de vous, il y a une belle génération d’acteurs (Julia Oberlinkels, Arthur Prevost et Wendy Nieto) accompagnée des réalisatrices Emilie et Sarah Barbault…

Je vais avoir quarante ans, donc je ne suis plus dans ceux-là (rire). Ils sont biberonnés à un rythme soutenu, à un rapport à l’image plus évident avec les réseaux sociaux et une aisance devant la caméra. Ils sont très bons ! Emilie et Sarah sont top, leur bonne humeur vous porte. C’était un plaisir de se lever le matin pour aller retrouver toute cette bande. J’avais très envie de travailler avec Stéphane Bern que j’appréciais par ses émissions. Et puis retrouver Anne Caillon c’était formidable, on avait travaillé ensemble sur la série Dos au mur il y a dix ans.


En plus d’être acteur, vous avez été le scénariste de la série Templeton, puis le chorégraphe des scènes d’épées pour le court-métrage Par le sang avec Pascal Greggory, et on découvre sur votre Instagram vos talents de dessinateur. D’où vient cette fibre artistique ?

Mes parents m’ont toujours accompagné dans ce sens-là. C’est une chance. Dans ma famille, on a tous été encouragés à faire ce qu’on désirait. Ma mère a été photographe, elle avait son labo à la maison. Mes parents écoutaient aussi beaucoup de musique classique. Mes frères et sœurs et moi avons été élevés dans une espèce de cocon artistique.


À l’âge de dix ans, vous découvrez le théâtre de rue et décidez de créer votre propre troupe, baptisée Frères d’Armes. Quelles images vous reviennent de cette période-là ?

Comme tous les gosses, je rêvais d’être chevalier. J’habitais dans le sud de la France à l’époque. Une troupe itinérante était venue s’installer au bord du Rhône et proposer des combats de chevaliers. C’était l’idéal pour moi, je pouvais apprendre à manier l’épée ! Je peux dire qu’à 40 ans, je maîtrise un art martial qui ne me sert à rien dans la vie de tous les jours (rire). J'aimais l'escrime surtout pour le combat, mais en parcourant la France avec notre troupe, j'ai réalisé que c'est sur scène que je m'épanouissais vraiment, dans le spectacle et l'acting . C’était très formateur. J’ai une énorme nostalgie de cette époque de ma vie.


© Candice Cohen

Vous avez été formé à l’Actor’s Studio. Qu’avez-vous appris ?

Oui, enfin, les méthodes de l'Actor's Studio. Les contraintes propres au théâtre de rue m'obligeaient à avoir une tendance à parfois surjouer, parler plus fort pour être entendu et aller chercher le public. Puis dans mes cours à Paris, j’ai appris qu’on vivait les émotions. On ne fait pas semblant de pleurer ou d’être en colère, on se met dans un état. Il y a une empathie réelle avec le personnage. Il faut vivre le moment présent. Et quand vous avez la caméra à 10 cm de votre visage, vous ne pouvez pas tricher !


Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers tournages ?

À 17 ans, j’ai fait un film institutionnel franco-américain, sans avoir suivi aucune formation. J’ai ensuite eu un rôle un peu plus important dans Les Toqués, mais j’étais encore un peu stressé devant la caméra. Si on a le trac, on est paralysé dans notre jeu. Mes premières expériences étaient dans ma gestion émotionnelle. Petit à petit, tout ça disparaissait. Quand il n’y a plus d’appréhensions, on peut être au maximum de ses capacités.


Quel exercice a été pour vous l'écriture d’une série ?

C’est une expérience artistique incroyable, riche. Mais aussi laborieuse, faite de contraintes qui ne peuvent que rarement amener à un épanouissement total : entre tous les participants actifs dans le décisionnel, le résultat final ne peut souvent être qu'un compromis. Et c'est normal : vous ne pouvez pas faire un projet aussi gros tout seul. Mais évidemment, scénariste est un métier enrichissant. Ça a été un énorme plaisir de voir des acteurs interpréter et toute une équipe réaliser ce qu’on avait imaginé pour Templeton. Je ne laisse pas tomber cette idée-là, bien que le métier de comédien me corresponde davantage. Connaître cette partie conséquente du travail dans la production d’un film m’a permis de voir qu’en tant que comédien, on a la chance d’être très préservé dans toute cette chaîne.


Qu'est-ce qui avait motivé la naissance de Templeton ?

Je l’ai co-écrit avec mes deux frères, Jonathan et Pierre, ainsi qu'un auteur confirmé, Daive Cohen. Avec mes frères, on vivait tous les trois dans un studio , les seules personnes avec qui on peut vivre dans un studio à trois (rires) et un jour, en citant des acteurs américains, on a remarqué qu’ils avaient tous fait un western. Pourquoi ne le ferait-on pas en France ? Si on fait ce métier, c’est parce qu’on jouait aux cow-boys et aux Indiens ! On avait envie de jongler avec un flingue, de mettre le chapeau et de monter à cheval. Je peux dire que moi aussi, j’ai fait un western ! Quand on choisit un métier artistique, tout part d’un plaisir.


Comme vos dessins à l’encre et au fusain qui se rapproche de la gravure ancienne et ont pour point commun l’architecture…

Pendant le confinement, je me suis mis à développer le dessin. Comme je suis passionné d’architecture, de patrimoines anciens, j’ai lié ces deux intérêts. Mais je ne peux pas dire non plus que le dessin soit une passion. C’est une manière de s’exprimer, et aussi de me canaliser. C'est pour moi la seule expression artistique que j'ai à ce jour qui me donne une liberté absolue. Tous mes dessins sont en noir et blanc, ça doit me rappeler les photos en argentique de ma maman. Je vais peut-être prendre des cours pour me perfectionner dans des techniques que je ne connais pas. Étant autodidacte, j'ai la volonté de me perfectionner, de progresser.



Quels sont vos prochains projets ?

J’ai terminé un épisode de Meurtres à Arles avec Constance Gay. C’était un plaisir de se rapprocher de cette culture provençale, qui est la mienne. Je suis un sudiste qui a perdu l’accent, mais qui le reprend dès qu’il parle du sud (rire). Enfin, je suis actuellement en tournage pour la série Daron sur TF1 avec Didier Bourdon et Mélanie Bernier, dans laquelle j’incarne un avocat.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?

Je n'ai pas de citation fétiche, mais dernièrement, une m'a fait marrer, et qui peut être utile à tout le monde dans certaines situations de désaccords absolus : « Les abeilles ne passent pas leur temps à expliquer aux mouches que le miel est bien meilleur que la merde. » (Rires)

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