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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Arnaud Binard, l'énergie du jeu !

Son corps en mouvements est le trait d'union de ses deux grandes passions : le jeu et le sport. Amoureux des planches - de surf et de théâtre - Arnaud Binard garde le cap et navigue entre films et séries. Passé par l'improvisation et les textes classiques et contemporains, l'enfant de Seignosse se souviendra longtemps de ce jour où son destin a peut-être choisi pour lui un jour de cours à Marmande. La suite, Arnaud l'a écrit avec sa simplicité, son talent et son regard fin sur un métier qu'il sait parfaitement valoriser. Rencontre avec Arnaud Binard, l'énergie du jeu !


© Frédéric Murarotto

« Arnaud, on vous retrouve actuellement dans la saison 3 d’Emily In Paris sur Netflix. Vous incarnez le mari de Sylvie (Philippine Leroy-Beaulieu) et le patron d’une plage privée à Saint-Tropez. Quelle présentation feriez-vous de votre personnage ?

Il y a un côté direct et « easy going » chez Laurent. Il est ancré dans son sud, plutôt épicurien sans être dans une recherche absolue du plaisir non plus. Par amour, il a accompagné sa femme dans ses choix - notamment celui pour elle d’aller vivre à Paris - tout en respectant sa philosophie : la vie doit rester simple et si on aime les gens, on les aime pour ce qu’ils sont.


Selon vous, qu’est-ce que les Américains admirent en France et à Paris en particulier ?

La France est un grand pays par son histoire mais aussi par sa situation géographique très particulière, sur un territoire ramassé, elle offre pourtant une grande et belle diversité. Sans parler des Outremers. C’est sûr, Il existe une fascination pour l’art de vivre à la française. Prendre son temps, par exemple, c’est assez exotique pour les Américains chez qui tout semble peut-être aller beaucoup plus vite. Chez nous, il reste encore ce fantasme du temps libre. Notre culture, nos traditions ont inspiré le monde. Paris a longtemps brillé comme un phare dans la nuit. Et puis, pour les États-Unis, la France fait aussi partie des fondateurs avec l’Angleterre… Il y a certainement une sorte de lien inconscient, psychanalytique qui nous unit.


La série est un immense succès. Pour un comédien, c’est agréable à vivre...

C’est sûr ! D’autant que les tournages ont engendré un sentiment de cohésion très fort. Les équipes artistiques et techniques sont très soudées. Les équipes françaises et américaines sont sensiblement les mêmes depuis le départ et ont fourni une grande qualité de travail. Chez les anglo-saxons, le jeu est au cœur de la réflexion des metteurs en scène et des créateurs. C’est un bonheur pour un acteur. On m’avait sollicité pour faire la première saison mais malheureusement, pour des raisons de planning, je n’avais pas pu aller au bout de ces premiers contacts. Ils ont eu la gentillesse de me rappeler pour la saison 2 et j’ai été ravi de pouvoir jouer ce personnage.


© Valentin Le Cron

Vous êtes un visage familier de la fiction française. D’où vient ce goût du jeu ?

C’est un peu cliché mais j’étais très timide (rires). Au lycée, notre prof de français a proposé à la classe de participer au club de théâtre qu’il avait monté, j’avais un copain un peu plus dégourdi que moi, il a levé la main, on s’est regardé et par défi, je l’ai suivi. Le théâtre, le jeu a été un moyen de transcender mes difficultés, depuis, il ne m’a jamais quitté.


Est-ce que la timidité ne serait pas une qualité pour un acteur ? On a envie d’aller le chercher, de le découvrir. La timidité n’empêche pas d’être présent contrairement à la dépréciation…

Vous avez certainement raison. La timidité peut aussi être une forme de pudeur. J’ai essayé de l’apprivoiser, elle a agi comme un élément catalyseur de ma curiosité pour les autres. Le théâtre - même pratiqué comme un loisir - permet de tisser du lien avec l’autre. Ce qui est intéressant dans ce travail d’incarnation, c’est de s’abandonner à la vision d’un auteur ou d’un metteur en scène. C’est un peu voir soi-même comme un autre. Un acteur, c’est quelqu’un qui doit abandonner la contrainte de l’ego. Cette forme d’illusion nécessaire au quotidien pour vivre en société. Cela prend beaucoup d’énergie et de place. Avec le jeu, c’est jubilatoire d’enlever toutes ces entraves, de concentrer son énergie sur l’instant pour devenir habitable.


© Frédéric Murarotto

Votre dernière montée sur les planches remonte à 2008 où vous avez incarné le personnage de Mitchell Green dans la pièce américaine Une souris verte. Au théâtre, il y a une envie d’y retourner ?

Absolument. Pour des raisons d’organisation de vie familiale, ce n’est pas le moment. Mais je reviendrais au théâtre, c’est sûr, en tout cas quand les derniers seront plus grands (rires). Le théâtre est une astreinte beaucoup plus complexe à gérer, surtout quand on vit en Province, mais j’adore cette performance de travail et d’implication, c’est mon côté sportif peut-être (rire). Sur scène, on est physiquement très impliqué pendant deux heures. J’aime aussi tous ces petits détails qui viennent enrichir le travail de représentations en représentations.


Vous êtes un sportif aguerri, de la mer à la montagne. Votre corps est votre outil de travail, comment l’entretenez-vous ?

Je fais des entraînements qui permettent d’appréhender toutes les filières énergétiques endurance, force, etc… C’est assez généraliste et ça me permet de rester en forme à la fois pour mon travail et pour ma passion pour les grands espaces. (Rires). Le surf, le snow, l’escalade… Mais j’aime aussi les sports de balles, tennis, rugby, foot. Disons que c’est important pour moi par rapport à mon travail d’avoir un corps « disponible ». Quand le corps trouve sa fluidité dans le jeu, en général la scène est assez juste.


Vous jouez avec l’océan comme vous jouez avec la caméra ?

Il y a un mouvement qui nous échappe. Dans le surf, il y a ce côté ici et maintenant, qu’on recherche dans le jeu. C’est l’adaptation à l’imprévu. Il faut se défaire de la partie rationnelle de notre cerveau pour libérer une énergie qui va nous rapprocher de l’instantanéité. C’est un travail d’épure, de simplification...


© Manu Miguelez

Quels sont vos prochains projets ?

L’unitaire Petit Ange pour France TV devrait être diffusé au premier trimestre de 2023. C’est un thriller psychologique qui flirte avec le genre fantastique, réalisé par Christian Bonnet et avec mes adorables partenaires Annie Duperey, Alexia Barlier, Daphné Girard et Julie Victor.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?

« Quand les sages sont au bout de leur sagesse, il convient d’écouter les enfants » G. Bernanos.

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