Lié par une profonde amitié, le trio strasbourgeois, Amoure, transmet une énergie intense à travers des morceaux aux couleurs vitaminées et nuancées. Avec leur nouvel album, Amoure révèle en chacun de nous le désir de danser, mais dévoile aussi des perceptions poignantes à l'égard des relations, de la société et de l'existence. Vertige inversé nous invite à prendre une profonde inspiration pour se réfugier dans l'instant présent. Rencontre.
« Nicolas, le 27 septembre dernier est sorti le deuxième album d’Amoure, Vertige Inversé. Quelle a été l’étincelle de départ ?
Le processus de création est en continuité avec l’album précédent, Garçons ordinaires. Je compose sans arrêt et quand on a une dizaine de titres, on songe à faire un album. On a eu un changement de label, vécu une période compliquée avec le covid comme beaucoup d’artistes, et j’ai eu envie de traduire ça dans Vertige Inversé. Les deux premiers titres ouvrant l’album, Je m’en fous et Crash test, parlent de traverser les épreuves et de s’en relever. C’était important pour moi de donner une couleur triomphante à ce nouvel album.
Pour toi, quel est le fil rouge qui relierait les onze titres de cet album ?
Ce vertige permet d’aborder des thématiques un peu plus profondes, comme vieillir ou grandir, mais toujours d’une façon légère. Le fil rouge est de voir le côté positif dans le changement ainsi que le côté terre-à-terre dans les questions existentielles.
Crash test partage un vrai sentiment de liberté. Qu’est-ce qu’il y a de plus libre en toi, Nicolas ?
Je pense que c’est mon mode de vie. En France, on a la chance de pouvoir être intermittent du spectacle. Ça va maintenant faire quinze ans que j’ai plaqué mes études pour faire de la musique. Avant Amoure, j’avais un groupe avec lequel on partait beaucoup à l’étranger : États-Unis, Chine, Russie. Aujourd’hui, j’ai envie de transmettre avec Amoure cette liberté que je ressentais quand j’allais voir des artistes en concert, qui m'inspiraient et dont la vie me donnait envie. Une chanson comme Road Trip parle de voyager, de rencontrer le plus de personnes possibles, de vivre au maximum, quoi !
Le clip de Crash test, disponible sur votre chaîne Youtube, a pour terrain de jeu un circuit de karting...
On a fait du karting comme si c’était un grand prix (rires). C’était beaucoup de déconne. On a pris du plaisir à en faire de 9h à 17h, à tel point qu’en reprenant le volant pour rentrer chez nous, on avait encore l’impression d’être au karting. Le lendemain, on avait mal partout, mais on s’était éclaté comme jamais.
C’est la vie est un titre dans lequel tu partages tes interrogations…
Beaucoup de mélancolie s’installe avec le fait de vieillir. Des expériences nouvelles arrivent. Je parle aussi de paternité. J’avais une échographie dans les mains quand j’ai écrit ce titre. C’était très puissant pour moi. J’ai effectivement beaucoup de questionnements par rapport au monde, à la planète.
D’où vient le E d’Amoure ?
Avant d’être ensemble, on avait chacun de notre côté un groupe avec des projets concrets. Puis, quand on a créé Amoure, on s’était dit que ce serait notre projet « vacances ». Au départ, on voulait presque faire du zouk, nos rythmiques étaient chaloupées, un peu Afrobeat, Vampire Weekend faisait partie de nos influences dans les années 2010. Pour répondre à ta question, on a trouvé une explication : c’est le verbe amouré à l’impératif. On a trouvé que c’était un beau message à transmettre.
As-tu le souvenir de votre premier public ?
C’était pour le Ricard Live ! On avait été finaliste alors qu’on n’avait pas encore fait de concert. Notre première, de manière captée, c’était entre Noël et le Nouvel An, au stade de foot de la Meinau. Il était vide et on nous avait dit de ne pas aller sur la pelouse. L’expérience était assez folle, on s’était bien caillé ! Dans les scènes marquantes, je me souviens d’une tournée au bout de la deuxième ou troisième année d’existence, en Albanie, dans le cadre d’un échange pour la fête de la musique. On avait quatre dates. C’était un moment fort et assez improbable pour nous.
Comment définirais-tu la sensation ressentie sur scène ?
Au début, c’est pas mal de stress, mais ça part vite fait au bout du deuxième titre. Il y a vraiment du plaisir à voir les gens kiffer. On ne se séparera jamais de cette énergie adolescente. À mes premiers concerts, on faisait des pogos, on transpirait. C’est un exutoire, tu lâches tout, tu exorcises presque tes démons. Et en même temps, il y a quelque chose de très sain. Quand on sort de scène, on est lessivé, mais avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Quelle place occupait la musique à la maison ?
Mon papa était bassiste, donc il y avait toujours de la musique à la maison. Très vite, j’ai voulu faire comme lui. Pour ne pas avoir l’impression de me forcer, il a commencé par me faire prendre des cours de batterie à douze, treize ans. J’allais le voir en concert. Il faisait des reprises de Queen dans les cafés-concerts. J’étais tout fier. J’avais mon cocktail sans alcool dans les mains et je regardais mon papa des étoiles plein les yeux.
Quels sont vos prochains projets ?
Le clip de notre prochain single, Téléphone, sortira la semaine prochaine. On l’a tourné à Strasbourg entre nous, en bossant notamment avec la boîte du guitariste Thibault, également à la réalisation. Après ça, on partira en résidence de création de live pour la tournée 2025. Un claviériste nous a rejoint, car l’album comporte beaucoup de synthés. Un nouveau visage d’Amoure va se présenter l’année prochaine. On était à l’échauffement. Maintenant, on veut présenter un projet plus sérieux.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Une personne avait dit à Johnny Hallyday de soigner son entrée et sa sortie de scène, et de faire son métier entre les deux. »