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Allan Védé : "l’idée est d’aller chercher plus profondément en moi."

Un synthé et une guitare trouvés dans un coin de sa maison et c'est le début d'une quête artistique. Influencé par des artistes anglo-saxons comme The 1975, The Kooks ou encore Sam Fender, Allan Védé s'est forgé un univers musical riche et éclectique. Son deuxième projet, Sayonara, Le mot japonais "aurevoir" résonne comme une promesse de renouveau. Dans ce cocktail de six titres, guidé par une guitar électrique aux riffs incisifs et une voix habitée, le chanteur belge livre des confidences bouleversantes sur l'amour, la perte et le renouveau. Rencontre.


© Thomas Fatin
© Thomas Fatin

« Allan, le 28 mars est sorti ton dernier single, La lune est immense. Quelle présentation en ferais-tu ?

C’est la seule ballade présente dans l’EP et dont je suis très fier. C’est peut-être la chanson avec laquelle je me connecte le plus, car je vis une relation à distance entre Paris et Bruxelles. J’ai voulu personnifier la lune qui nous observerait le temps d’une nuit au cours de laquelle on essaie de retenir le temps.


La lune est immense est un échantillon de ton nouvel EP, Sayonara, dans les bacs le 25 avril prochain. Pourquoi ce titre qui veut dire "au revoir", en japonais ?

Pour plusieurs raisons. Le titre a une signification plus large. J’ai été confronté à pas mal de contenus japonais et je me suis intéressé à cette culture. L’idée était de dire au revoir à ce que j’ai vécu, à la sortie d’un premier album (Humanoïde) dans de chouettes conditions qui m’a permis de faire des rencontres et de me forger. Maintenant, l’idée est d’aller chercher plus profondément en moi, dans mes influences anglo-saxonnes et pop-rock. J’ai envie de dire bonjour à la suite.



L’EP s’ouvre avec Saint-Malo, une invitation à s’évader et à faire une rupture avec une routine pesante. Quand est-ce que tu as eu ce ressenti pour la dernière fois ?

C’est une très bonne question. Je pense l’avoir eu par intermittence lors de mes études supérieures de commerce au cours desquelles on nous demandait de faire des stages, d’aller dans des entreprises, et je respecte absolument tout ce que j’ai pu faire à ce moment-là. Mais il est vrai que très rapidement, je me suis senti, sans en être vraiment conscient, cloisonné dans un schéma qui ne me correspondait pas. Lors de mon dernier stage à Bruxelles, le côté métro-boulot-dodo commençait à me peser.


Dans le clip, on te voit en bord de mer, dans un cadre paisible. C’est le genre d’environnement qui t’inspire pour créer ta musique, écrire des paroles ?

Oui. J’ai grandi à Bruxelles et j’habite à Paris, donc je suis très citadin et ça m’inspire énormément. Mais ça me fait aussi du bien les rares fois où je décide de couper pour aller chercher le contre-pied, vers la nature. Par exemple, je suis plus mer que montagne et pas seulement quand il fait beau. Regarder la mer, ça m’inspire.


Quelles étaient tes intentions artistiques avec le clip ?

Pour moi, Saint-Malo est le pont parfait entre mon premier album et l’EP, même au niveau des mélodies. Ce clip était aussi l’occasion de partager un moment avec ma copine et de lui permettre d’être connectée à ce que je fais. L’inspiration était assez simple. Combien de fois il m’est arrivé, sur un quai de métro par exemple, de m’imaginer ailleurs ? À la fin du clip, on découvre si je rêve ou non.



C’est quand même fou évoque une attirance forte, presque irrépressible. Est-ce que tu voulais explorer cette idée de désir incontrôlable ?

Totalement. C’est d’essayer, en trois minutes, de décrire ce que l’on peut ressentir en trois secondes lors d’un coup de foudre, de comprendre ce qui se passe, d'expliquer cette émotion qui s’impose presque à nous. C’est aussi le jeu des premières pensées qu’on peut avoir : si j’y vais, je risque de me heurter à quelque chose qui peut me faire du mal et d’un autre côté, je peux vivre quelque chose de fabuleux.


Ce titre est également proposé en featuring avec Vernis Rouge. Comment avez-vous travaillé ensemble ?

Notre rencontre s’est faite assez rapidement, après la sortie en solo du titre en novembre. Son manager m’a contacté pour me partager l’idée d’un duo, sans me donner de noms. Au début, j’étais un peu dubitatif car ce titre, je ne l’avais pas imaginé à deux. Quand il m’a parlé de Vernis Rouge et proposé de la rencontrer, ça s’est fait naturellement. Elle a sublimé la chanson par son côté séduction qu’elle gère très bien dans son image et sa musique. Elle a aussi ajouté sa jolie harmonie dans le refrain. Je suis très content de défendre ce titre avec elle.


J'ai l'impression que chaque titre de cet EP est composé pour le live...

Tu as tout cerné. Je l’ai composé avec cette volonté de faire des concerts et d’être accompagné par un batteur, un bassiste. Pour avoir fait quelques dates, notamment la dernière au Supersonic à Paris, j’ai le sentiment qu’on touche du doigt ce que j’imaginais. Il y a une espèce de continuité très agréable qui se profile.



D'où te vient cette passion pour la musique ?

Elle s’est déclenchée en plusieurs phases. Mon amour pour la musique est né assez tôt. Mes parents n’en font pas, mais ils sont de grands fans. J’aime beaucoup cette image d’être à l’arrière de leur voiture et d’écouter leurs disques quand on partait en vacances. J’ai été bercé par la variété française. À cette époque-là, je poursuivais une petite volonté de faire du football et quand on est ado, on se pose plein de questions, on assume plus ou moins le fait de chanter devant les copains. C’était un petit peu caché à ce moment-là. Et puis un jour, je me suis blessé à l’âge de 17 ans et demi. Un clavier et une petite guitare traînaient chez mes parents. Avec ma génération, ayant la chance d’avoir un accès au tuto Youtube, j’ai pu suivre mes premiers cours en ligne. C’était un peu fouillis mais c’est ma première approche passionnelle avec la musique. Depuis, ça ne m’a plus jamais quitté.


Qu’avais-tu envie de raconter avec tes premiers textes ?

J'ai toujours été mélancolique quand je suis seul et très joyeux en public, en groupe. Je me posais beaucoup de questions existentielles sur le monde. Je me suis calmé depuis… ou en tout cas, je les garde pour moi (rires). Ces textes n’avaient pas vocation à être des chansons, les rimes n’étaient pas aux bons endroits, mais ça m’a appris à structurer mes morceaux et à écrire par la suite.


© Thomas Fatin
© Thomas Fatin

As-tu suivi une formation pour apprendre à jouer d’un instrument ou pour parfaire ta technique vocale ?

J’ai pris deux cours de piano, deux cours de chant et un cours de guitare. Tout le reste, ce sont des tutos sur Youtube et beaucoup d'écoutes de chansons. Je suis autodidacte, ce qui veut aussi dire qu’il faut se bouger pour travailler, tous les jours, quelque chose qui semble être un loisir pour beaucoup de gens. Depuis le départ, mon envie est de raconter des histoires. Je ne rêvais pas forcément de faire des émissions comme The Voice, je n’ai pas ce souci de la performance. Ça m’a permis d’être assez décomplexé dans mon approche de la musique.


Quelles images te reviennent de tes débuts, notamment de chanter dans la rue ?

D’énormes boules au ventre (rires). C’est un peu kamikaze et d’un autre côté, c’est génial. À Bruxelles, on doit passer un casting pour avoir l’autorisation de chanter dans la rue. C’était marrant de se retrouver avec des jongleurs, des magiciens et d’autres chanteurs. On m’a permis de le faire dans un lieu spécial, à des horaires précis. C’est très vertigineux mais c’est aussi une espèce de vérité. Si les gens s’arrêtent, c’est parce qu’ils sont intrigués, qu’ils trouvent ça cool. J’aime bien me faire peur à ce moment-là. J’ai besoin de ce partage avec les gens.


Tu as fait les premières parties de Francis Cabrel, Gauvain Sers, Anne Sila ou encore Lola Young. À chaque fois, c’est quel exercice pour toi ?

C’est une immense joie. Je remercierai toujours Francis Cabrel de m’avoir donné cette chance de jouer devant 6 000 personnes à La Seine Musicale. Au bout du troisième rang, on ne voit plus les gens (rires). C’est presque plus impressionnant de chanter devant dix personnes dans son salon que de chanter dans d’énormes salles. Moi, j’adore ce challenge d’aller conquérir le public, à tel point que maintenant, dans mes propres concerts, je ne sais pas si les gens sont là pour moi (rires).


© Thomas Fatin
© Thomas Fatin

Ton prochain concert aura lieu à Bruxelles le 18 avril prochain...

On sera, une nouvelle fois, dans une volonté de partage et de faire découvrir ma musique de la manière la plus authentique possible. On a super bien bossé avec mon équipe pour faire de ce concert un vrai voyage. On démarre sur quelque chose d’assez fort, énergique, puis on diminue en intensité avec une guitare acoustique avant de revenir plus en rock à la fin. Pour celles et ceux qui ont envie de faire la fête un vendredi soir à Bruxelles, c’est l’occasion de venir.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

C’est la première fois qu’on me la pose celle-là (rires). Je dirais que mon innocence, mon émerveillement et ma curiosité sont trois éléments moteurs dans mes projets et que j’espère les garder pour toujours. Je suis convaincu que c’est comme ça qu’on arrive à être aligné avec ce qu’on fait. »

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© 2021 par Samuel Massilia.

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